| BORDEAUX, 26 mars 2005 (AFP) -
Après Strasbourg, Grenoble ou Poitiers plus récemment, la mairie de Bordeaux a officiellement lancé cette semaine son projet de construction d'une grande mosquée, qui a fait l'objet de près de cinq ans de discussions.
"C'est l'aboutissement d'un long travail de préparation et de discussions", se félicitent tant le député-maire (UMP) de la ville, Hugues Martin, que Tareq Oubrou, le recteur de l'actuelle mosquée de Bordeaux, lieu discret ouvert en 1983 dans une petite rue du centre-ville, désormais trop petit pour accueillir les fidèles.
La mosquée El Huda "ne peut accueillir que 500 personnes et chaque vendredi on est plus du double", dit Charafeddine Mouslim, le président du Conseil régional du culte musulman, qui dénombre 50.000 personnes de confession musulmane dans la Communauté urbaine de Bordeaux.
Si la CUB compte trois mosquées, sans compter les lieux de culte de la communauté turque, "c'est un projet que les musulmans bordelais attendaient depuis longtemps", selon lui.
Le projet de la nouvelle mosquée, d'une capacité de 1.000 à 1.500 places, "a mûri, sans précipitation", explique le député-maire, l'objectif étant de "donner à la communauté musulmane un lieu de culte digne de ce nom, mais avec des garanties".
Le projet, privé, est en effet soumis à trois conditions. D'une part, le financement du bâtiment devra être totalement transparent, et avec des fonds essentiellement français. Pas de financement, donc, précise le maire, "de pays tels que l'Arabie Saoudite qui ont financé des mosquées avec un certain prosélytisme".
Seconde condition: l'architecture devra être "non ostentatoire". Le bâtiment ne devrait pas compter de minaret, ce qui ne pose aucun problèmes aux responsables religieux. "Nous n'appelons pas à la prière, donc un minaret n'a pas de sens", précise Tareq Oubrou.
Enfin, les prêches devront être faits en français. Là encore, aucune objection, dans la mesure où la mosquée de Bordeaux, proche de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), "a été la première en France à faire des prêches en français", indique Charafeddine Mouslim.
"Nous sommes donc entièrement en accord avec les conditions de la mairie puisque nous avons participé à l'édification de ces règles", affirme Tareq Oubrou.
Le projet prévoit un lieu cultuel mais aussi culturel, "pour que les musulmans soient ouverts sur la vie et sur la ville", selon M. Mouslim. En résumé, "on veut que ce soit une mosquée bordelaise et représentative d'un islam de France", poursuit-il.
La mosquée devrait être construite sur la rive droite de la Garonne, dans le quartier de "La Bastide", sur des terrains qui appartiennent pour l'instant à Réseau ferré de France.
La seule fausse note est venue d'un élu socialiste de ce quartier, qui lors du dernier Conseil municipal, a estimé que si le projet n'avait "rien de choquant", cela "faisait beaucoup de problématiques qui s'ajoutent, avec l'arrivée des forains et l'aire d'accueil des gens du voyage".
"Les Bastidiens sont à nouveau mis devant le fait accompli et le vase va déborder", a-t-il dit lors du conseil municipal, comme l'a relaté le quotidien Sud-Ouest.
Mais Daniel Jault "ne veut plus aborder le sujet", dit son secrétariat au Conseil général, estimant avoir "déjà beaucoup parlé dans la presse locale".
Un architecte belge a d'ores et déjà été contacté mais la date de lancement du chantier reste encore à déterminer, pour une ouverture envisagée à l'horizon 2009.
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La mairie négocie depuis plusieurs semaines avec Réseau ferré de France (RFF) pour acquérir un terrain de 11 000 m2 à La Bastide, qui devra par la suite être déclassé du patrimoine ferroviaire par arrêté ministériel. Plusieurs propositions de prix ayant été rejetées par la ville, le préfet d’Aquitaine, Francis Idrac, a été mandaté pour négocier la vente.
